Agglomération Côte Basque Adour

Conseil Départemental

24 novembre 2012 6 24 /11 /novembre /2012 14:36

Le Conseil des élus du Pays Pays Basque s’est réuni Samedi 24/11 en assemblée générale en présence du nouveau Sous Préfet de Bayonne.

 

Ce fut d’abord l’échec du président Lasserre à faire admettre pour la première fois, hors statuts de l’association, que des votes par procuration puissent être admis. Ce fut ensuite un débat chahuté et tendu entre les membres de la délégation qui avait rencontré la ministre Marylise Lebranchu . Le président Lasserre, Max Brisson, Sylviane Alaux, Frédérique Espagnac n’avaient manifestement pas entendu ou dit la même chose....  Enfin le Président s’est retrouvé obligé de faire procéder à un vote sur les diverses formes possibles que pourrait prendre la collectivité (Poursuite du Pays, passage en Syndicat mixte ou collectivité de plein exercice), certains membres du Conseil d’administration contestant qu’une seule solution soit présentée à l’assemblée générale. Quelle transparence et quelle organisation dans la préparation de cette AG !

Je me suis, à titre personnel,  exprimé sur mon souhait de voir se pérenniser la forme Pays, ainsi que Jean Espilondo, alors que d’autres élus socialistes demandaient une suspension de séance.

 

Le débat  allait inévitablement suivre et son résultat était connu d’avance, à savoir le choix de la demande d’un Département Pays Basque à compétences élargies aux 8 compétences repérées par le Conseil de développement . Inutile pour moi de rester pour écouter les porteurs d’une solution que je rejette avec vigueur. J’ai donc quitté la séance en exprimant mon refus de participer au vote suivant.

D’autant plus que certains élus présents se sont même montrés menaçants, arguant que l’éventuel refus de cette proposition par l’Etat serait source de possibilités de violences....une position inadmissible de la part d’élus de la République

 

Voici mes arguments pour refuser cette nouvelle collectivité qui ne répondra pas aux besoins pour lesquels on est censé la créer, mais surtout sur la rédaction de la proposition du Conseil des Elus:

 

Le texte qui nous est proposé, dont la rédaction affirmative n’ouvre  même plus lieu à débat, axiome idéologique absolu, est censé clôturer un long processus qui serait majoritaire à l’intérieur d’un territoire. Mais quel territoire ? Quelqu’un parmi les rédacteurs a t-il imaginé que les limites de ce territoire pourraient être différentes de celle de l’actuelle partie Ouest du département 64 ? Qu’on pourrait rendre Boucau et St Esprit aux Landes voisines comme avant 1857. Quelqu’un a-t-il imaginé qu’on pourrait rendre sa liberté au Duc de Grammont et à la principauté de Bidache ? Simplement pour donner un peu de cohérence à de nombreuses affirmations émaillant votre déclaration.

 

Non, on a décidé que la moitié du département des Pyrénées Atlantiques avait des spécificités. Mais quelles spécificités ? Celles qui correspondraient aux 8 compétences citées un peu plus loin dans le texte ? Le développement économique, quand l’essentiel de l’économie du port de Bayonne se réalise dans les Landes ? L’Agriculture quand le fromage et les problématiques sont  les mêmes d’Ossau à Iraty ? Le transport en commun quand on voyage quotidiennement de Bénesse Maremne à Bassussary et de St Martin de Seignanx à Biarritz ? Le logement, quand la problématique du logement social est la même que partout en France ? La culture et la langue basque, en excluant le Gascon ?  

Et à ces spécificités s’ajouteraient le fait d’être un territoire à fort sentiment d’appartenance…Appartenance à quoi ? A qui ?  A une terre, à un village, à une culture ? Personnellement, je me sens citoyen du monde,  très heureux de vivre ici, conscient de ma chance d’avoir été bercé par 2 cultures et 2 langues maternelles. Mais vous ne me ferez jamais adhérer au postulat idéologique de l’appartenance.

 

Alors oublions que la Corse est une île où l’on rêverait aujourd’hui d’être corrézien, la Bretagne une Région et l’Alsace un Concordat. Il n’y a jamais eu en France de département de Catalogne. 

Il y aujourd’hui, grâce aux lois Voynet, des Pays, lieux de réflexion de proximité, associations d’élus et de citoyens soucieux de mieux vivre ensemble leur quotidien. Beaucoup de ces Pays n’ont pas le bon périmètre, ou le périmètre idéal, mais chacun voit midi à sa porte. Cette structure de Pays a donné de bons résultats en Pays Basque. Elle en donnera encore, dans le cadre d’une logique nationale de répartition des compétences qui ne manquera pas de sortir de l’Acte III de la décentralisation.

 

En Pays Basque et en Bas Adour, précurseurs en la matière, ce dispositif de Pays a effectivement répondu à un besoin de dialogue dans une période où tout était préférable à la violence.  Mais revenir aujourd’hui sur le terme de pacification est à la fois la reconnaissance de la légitimité de la violence passée, puisqu‘elle aurait eu l’effet bénéfique de faire émerger le Pays, et en même temps une menace de retour possible à cette folie si une réponse favorable n’était pas donnée par l’Etat, aujourd’hui,  à votre requête. Ce sont des mots qui ont été prononcés dans cette assemblée et que je ne peux admettre.

 

Vous considérez le Pays comme dépassé. Cette conclusion n’est pour moi que l’aboutissement d’un processus idéologique, qui m’étonne de la part d’élus responsables. Car votre proposition institutionnelle nie tout rapport à la réalité de bassin de vie. Il transforme en mythe romantique la réalité quotidienne de nos concitoyens. Il bâtit des murs là où il n’y en a pas, entre cultures régionales, entre pôles économiques, entre citoyens qui bougent sans un regard pour des limites administratives. Certes on peut aujourd’hui juger que le découpage départemental hérité de la Révolution serait à réviser en fonction des nouveaux bassins de vie. Mais ce n’est  sûrement pas ici le bon découpage que d’isoler le Pays Basque et le Bas Adour du Sud des Landes. Encore faudrait-il que les élus locaux des 2 parties de ce bassin de vie jettent leurs œillères et cessent de penser caresser leurs électeurs dans le sens du poil en faisant le choix du repliement et de l’isolationnisme.

 

Car la proposition qui nous est faite n’est que le résultat de stratégies différentes, de convictions politiques fortes ou d’opportunisme du moment, d’espoirs électoraux ou de romantisme individuel, voire tout simplement de passivité devant l’inéluctable supposé. Et ces stratégies différentes auront tôt fait d’exploser dans un imbroglio ingouvernable et des querelles de chapelles dès les élections territoriales spécifiques passées. Sans pour cela donner de solution aux bisbilles récurrentes avec nos voisins du Nord de l’Adour, pas plus qu’aux disparités sociétales, économiques  et organisationnelles avec nos voisins d’outre Bidassoa.

 

Cette collectivité territoriale réduite à peau de chagrin n’aura ni les moyens financiers, ni l’échelle de mutualisation indispensable pour  répondre à ses ambitions. L’expérience du Vivre ensemble dont vous parlez est-elle si différente de celle que l’on vit partout en France, et même dans le monde. La Côte Basque et l’intérieur du Pays Basque n’ont-ils pas bénéficié de cet effet d’échelle quand le poids économique du département était décentré vers le Bassin de Lacq et le Piémont Oloronais ? Qui s’en plaignait à cette époque et aurait voulu vivre chichement en autarcie ?

 

Les rédacteurs de ce texte ne s’y sont pas trompés, en n’incluant pas dans leur demande principale les compétences premières d’une communauté de proximité telle que le Département : le Social, la Voirie, les Collèges, les services d’Incendie et de secours, les archives, la lecture publique, etc. L’œil rivé à leur lorgnette réductrice, ils se sont focalisés sur la langue et la culture basque, oubliant la culture universelle.

Ils l’ont fait car il fallait justifier uniquement d’une réduction de limites territoriales. Et ils se sont rattrapés au vol en proposant une option 3, leur choix final, où sont ré-invoquées les compétences départementales. 

 

J’ai entendu dans cette enceinte les mots d’humiliation, de mépris, se rapportant à des événements passés, mais aussi aux réticences de l’Etat à vous répondre favorablement. Laissez-moi le droit de vous dire que je me sens aujourd’hui moi aussi humilié et exclu par le contenu et les a-priori de rédaction de ce texte. Au même titre que tous les non-basques résidant sur ce territoire, et ils sont je pense majoritaires,  je me sens méprisé que l’on n’y parle pas de ma culture, régionale ou autre. Je suis stupéfait qu’au XXI° siècle on puisse encore politiquement ignorer la réalité d’un bassin de vie. Je suis désolé qu’on puisse instrumentaliser un échelon territorial, le Pays, aux fins de stratégies personnelles. Bien qu’opposé à toutes les théories nationalistes et identitaires, je dois reconnaître que les seuls qui, soient cohérents sur ce dossier sont les mouvements nationalistes Basques.   

Ce débat n’est pas le mien. Je n’ai pas reçu mandat de mes électeurs pour le trancher. Pas plus que de mon parti. Je ne m’exprime donc qu’en mon nom propre, mais je sais que je suis loin d’être seul sur ces positions. 

 

Je ne participerai donc pas au vote clôturant une démarche à laquelle je n’ai jamais voulu m’associer.

 

Guy Mondorge

Vice Président du Conseil Général 64

Vice Président de la Communauté d’Agglomération Côte basque Adour

1° adjoint au Maire d’Anglet 

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