Agglomération Côte Basque Adour

Conseil Départemental

26 avril 2013 5 26 /04 /avril /2013 08:43

Senher Capdau deu Conselh Generau deus Pirineus Atlantics, mossur lo Maire d’Anglet, daunes e senhers deu conselh municipau, Amics emplegats d’aquera bèra bibliótèca, Daunas e senhers

 

Qu’es un plaser entà jo de’p arcoelher dens aquera biblioteca d’Anglet. Qu’aberi abut plaser taben de har tot lo pleitei men en gascon, mes qu’ei pou de no pas estar comprès per tots los qui’ns han heit l’aunor de responer au noste aperét. Alabets que vau seguir dens la lenco de la republica.

 

Je disais donc que c’est un plaisir pour moi de vous accueillir dans cette Bibliothèque. J’aurais eu plaisir aussi de faire tout mon discours en gascon, mais je crains de ne pas être compris par tous ceux qui nous fait l’honneur de répondre à notre invitation. Je vais donc continuer dans la langue de la république

 

  • Vous dire d’abord l’engagement de la Ville d’Anglet dans le soutien aux2 langues et cultures régionales qui vivent et se mélangent à Anglet. Une histoire gasconne millénaire pour ce village devenu la 3° ville du département, mais une présence constante de cette base euskarienne qui a servi à fabriquer cet occitan si particulier qui est le nôtre, de Bordeaux à Bayonne et jusqu’au Val d’Aran, en le mélangeant au latin de l’envahisseur romain, mais en l’adoubant aussi de quelques sonorités visigothes ou autres.
  • Vous dire aussi la volonté politique de sauver ce qui peut encore l’être de nos langues vernaculaires, et d’arriver à faire inscrire en 2012 dans le contrat territorial du Pays Pays Basque les budgets nécessaires à soutenir, sur ce territoire, la présence linguistique gasconne
  • Vous rappeler aussi que le premier pas de cette démarche a été de réaliser l’indexation du fonds de la bibliothèque d’Aci Gasconha, prémice de la création d’un fonds municipal de littérature contemporaine gasconne, facilitant ainsi l’accès des 10 000 abonnés de la bibliothèque municipale à des ouvrages disponibles mais trop peu consultés dans la bibliothèque associative.
  • l’Acquisition des premiers ouvrages du fonds gascon municipal, avec l’aide technique de l’INOC et du Cirdoc que je remercie de leur soutien technique . Je remercie aussi Corinne Siffert, la directrice de la bibliothèque, et tous ses collaborateurs qui ont su décliner avec bonheur cette lubie de leur élu à la Culture de les faire travailler un matériau qui a pu leur paraître au début exotique , mais dont ils ont su très vite découvrir qu’il méritait qu’on s’y intéresse, puisqu’il y a même des chercheurs japonais qui travaillent sur la langue des troubadours, et que la Direction Régionale des affaires culturelles s’est également engagé dans la démarche au nom de l’Etat.
  • Vous parler enfin du long chemin qui reste encore à parcourir pour voir s’ouvrir une classe bilingue gascon français dans l’une de nos écoles angloyes, où existent déjà 5 sections bilingues basque- français. Un passage obligé pour que survive cette langue et cette culture partout présente dans la toponymie et la mémoire collective de nos citoyens, avec la garbure, le piment, les lavoirs et les moulins de notre bonne ville.

 

Alors, avant de passer la parole à ceux qui ont cru à ce projet et accepté de le financer, à savoir le Conseil Général et son Président et la Mairie d’Anglet, je vais me faire le petit plaisir de replacer ce fonds gascon contemporain dans son écrin : celui de l’empreinte toponymique du gascon dans notre ville.

 

Notre ville a d’abord été un village , où les animaux avaient leur place

 

l’Aouye gardait ses brebis. Il a aujourd’hui sa rue, comme l’a aussi l’esquiro, la cloche qui sonnait au cou du bétail, mais aussi la Marie Blanque, une jolie chouette, La Pibale et le Coulac (l’alose), la sarcelou (la poule d’eau), le paloumet , la petite palombe, ou le malhoun, le goeland

 

D’autres endroits ont gardé le nom d’une particularité donnée à la rue qui les traverse

 

L’Arrayo sans doute très ensoleillée,
les Arroques et ses rochers
les Barthes souvent inondées
le Boucau près de l’embouchure de l’Adour
Cantau, une prairie en pente
Cinq cantouns, comme les cinq angles menant vers 5 directions
parfois jusqu’au Cout ( le recoin)
ou au Juzan (l’endroit en dessous, en contrebas)
d’où l’on remontait par Lacoste( en pulhan…)
pour arriver au Tuc, tout en haut
Pourquoi la Teoule (la tuile)ou le Moura (la Tourbière). Seuls les anciens pourraient nous le dire

 

Ces anciens proches de la nature ne pouvaient oublier d’autres noms de baptême pour leurs rues. Le Basta (l’Ajonc),
Le Broy Bos, le joli bois
Dous bos (des bois), dous cams (des champs) ou Dou Campot (du petit champ), ils en revenaient tous les jours, en passant à l’ombre du Cassou (le chêne), de la Salis (la saulaie), du hayet (le hêtre) , du Pignada couvert de Hurpin (les aiguilles de pin), ou en se péchiquant, comme on dit chez nous, en passant trop près de l’Hourticq (l’ortie), après avoir traversé Lavignotte ( la petite vigne)

 

Les noms , prénoms ou particularités physiques ne sont pas non plus tombées dans l’oubli, grâce aux plaques des coins de rue qui nous parlent
de l’Esterlou ( le Cadet)
de Hilloutine (la petite fille)
de Jouanetote (la petite Jeanne)
de Jouanicot (le petit Jean)
de Lamigotte( la petite amie)
de Saubadine (la petite Saubade, comme la jeune fille qui s’est noyée à la Crampa d’Amou)
Elles nous parlent aussi de Pinton (prononcer Pintoun), qui devait abuser de la dive bouteille,
et de Pardeilhan (et ses tâches de rousseur)
Aymade était l’aimée
Bascou et Bascot , le petit basque, sans doute suffisamment rares à Anglet pour être remarqués
Bitachoun (je vous laisse deviner)
Canteplan (qui chantait si bien
Il y avait Chioulet, qui travaillait à la SNCF et sifflait si bien, Chisdits, qui avec ses 6 doigts devait être fort habile, et Redon (prononcer Redoun) dont la rondeur frisait l’embonpoint

 

Puis il y avait ceux qui travaillaient dur sur les
Couralins, ces bateaux traditionnels de l’Adour
ou à Lahargouette (la petite forge)
Il y avait aussi le Pastissé (le Patissier), l’ancêtre peut être de Mr Bamas.
D’autres préféraient le Truillet (le pressoir)
Et dans le pignada transpirait le Yémé (le gemmeur)

 

Je vous laisse deviner le sens de Plante Coude (le mot à mot est plante queue).
Dache Dise, laisse dire, est d’ailleurs une expression très gasconne
Voilà Anglet, où la galerne (le vent du sud) a aussi sa rue, peut être pour nous mener vers La Heste (La fête)

 

et avant de laisser le micro, je vous laisse imaginer à quoi peut ressembler le Chemin du Pet de Bourre.
Merci de votre patience, merci de votre présence

 

Et longue vie au fonds gascon de la bibliothèque d’Anglet, et à ses lecteurs.

Discours à l’occasion de l’inauguration du fonds gascon de la bibliothèque d’Anglet.

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